Le professeur Jean-François Roberge |
1 mai 2008
Une équipe de quatre juristes associés à la Faculté de droit revient tout juste de Dakar où elle a formé les 60 premiers médiateurs commerciaux accrédités du Sénégal. Le sujet à l'étude du 21 au 25 avril, la médiation, a suscité un vif intérêt dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et auprès d'instances sénégalaises, en plus de connaître une importante couverture médiatique.
«La formation a vivement intéressé des représentants du Bénin, du Burkina Faso et de la Mauritanie qui se sont rendus sur place pour évaluer l'opportunité de reproduire l'expérience sur leur territoire», raconte le responsable du projet, le professeur Jean-François Roberge. «Nous avons même été conviés à une rencontre officielle avec le ministère de la Justice, la magistrature et l'Université de Dakar pour étudier des avenues susceptibles de mettre à profit l'expertise de l'Université de Sherbrooke.
En effet, l'UdeS fait figure de pionnière et de leader en matière de prévention et règlement des différends, et ce, autant au Québec qu'ailleurs dans le monde francophone. C'est ce qui a amené Thierno Diallo, secrétaire permanent du Centre d'arbitrage, de médiation et de conciliation du Sénégal, à s'adresser au professeur Roberge dans le but d'outiller le centre de formation qu'il dirige en matière de médiation.
Ce projet est le fruit d'une collaboration entre l'UdeS, l'Institut de médiation et d'arbitrage du Québec, le Centre d'arbitrage, de médiation et de conciliation du Sénégal et l'Université de Dakar.
Trois autres formateurs composaient l'équipe de formation s'étant déplacée au Sénégal : Louis Marquis, vice-recteur aux affaires internationales, Jean Marois, président de l'Institut de médiation et d'arbitrage du Québec et chargé de cours à la Faculté de droit, et Serge Pisapia, président de la section nationale de prévention et règlement des différends de l'Association du Barreau canadien.
Les 60 nouveaux médiateurs peuvent maintenant agir comme tiers neutres et impartiaux auprès d'organisations publiques et privées. Ils auront pour mandat de les aider à négocier elles-mêmes une solution adaptée à leurs intérêts plutôt que d'avoir recours aux tribunaux. Si, dans bien des cas, ces organisations souhaitent faire appel à un médiateur pour accélérer la résolution de leur conflit, elles découvrent en cours de route que la médiation a beaucoup plus à leur offrir.
«La solution judiciaire n'est pas toujours adaptée aux besoins des justiciables, dit le professeur Roberge. Dans nos sociétés de plus en plus hétérogènes, la médiation nous apprend à mieux composer avec les différences. Elle responsabilise les citoyens et prévient les problèmes futurs.»
«La médiation ouvre des perspectives insoupçonnées chez les parties en cause, soutient le vice-recteur aux affaires internationales Louis Marquis. Les solutions constructives qu'elle apporte solidifient leurs liens et amènent à gérer l'avenir plutôt que le passé.» Le vice-recteur a fondé en 1999 le premier programme de 2e cycle en prévention et règlement des différends dans le monde francophone. Il cumule plus de 15 ans de recherche et de pratique sur le terrain.
Outre la médiation, l'étude de la prévention et du règlement des différends permet de maîtriser d'autres modes de gestion des conflits, comme l'arbitrage et la négociation. Selon les professeurs Roberge et Marquis, ce domaine est une voie d'avenir pour la justice, et pour très longtemps. «Loin de concurrencer la justice traditionnelle, la prévention et le règlement des différends en est le complément», dit Louis Marquis.
Ce n'est pas la première fois que l'expertise de l'Université de Sherbrooke en matière de prévention et règlement des différends traverse les frontières. Les professeurs de la Faculté de droit ont déjà donné des formations en Europe (France, Belgique, Suisse) et dans plusieurs pays africains (Maroc, Mali, Madagascar).
Depuis 2001, les professeurs de Sherbrooke forment les juges québécois à la médiation judiciaire en vertu d'un partenariat avec l'Institut national de la magistrature. Enfin, que ce soit par le biais des programmes de prévention et règlement des différends ou par les formations offertes par l'Institut de médiation et d'arbitrage du Québec, ils ont formé plus de 500 médiateurs à ce jour. «Qu'ils soient juristes, gestionnaires, ingénieurs ou travailleurs sociaux, ce sont autant d'ambassadeurs qui croient à la prévention et au règlement des différends, dit fièrement le professeur Roberge. La médiation trace sa voie et l'Université de Sherbrooke lui indique le chemin ici et ailleurs.»
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